Le 18 juillet

Dernière aventure birmane : la ligne ferroviaire Schwenyaung - Thazi! Si j'ai eu bien du mal à prendre le temps de vous faire des récits de qualité en Birmanie, cette étape méritait qu'un article lui soit accordé. 

Pour 1300 kyats (environ 1€), nous voilà donc notre ticket en poche. Il n'y a qu'un seul train quotidien pour Thazi, qui, en théorie part à 9h30 et, en theorie, met 9h mais cela reste de la théorie et nous l'avons bien compris ;) Le guichet ressemble à un musée qui sintitulerait "gare de Château du Loir en 1950"... Nous avons choisi de voyager en "ordinary class" contrairement aux conseils de notre hôtel, et nous ne l'avons pas regretté une minute car ce qui se passe en "ordinary class" dans le train Schwenyaung-Thazi est unique!!!

On commence donc par patienter au milieu des locaux chargés de paquets énormes contenant ds victuailles diverses. Pas un touriste en vue, quelle chance!! La longueur du trajet doit en refroidir + d'un. Puis vers 9h30, quelques crissements sur les rails, des gens qui s'agitent, un coup de sifflet et enfin le train apparaît.3 wagons dont un de marchandise et une locomotive.Pas de fenêtre, ce qui va nous permettre de profiter encore mieux du paysage

On grimpe sur nos sièges en bois et on observe : chacun hisse par la fenêtre les lourds paniers de choux, tomates, mangues, feuilles à cigare... Un fois ce petit monde installé, le train repart. 

Nos voisines, 2 mamies qui forment une bonne paire fument des cigares, la bouche en coeur. Elle nous prennnent sous leurs ailes pendant le voyage et rient de bon coeur à chacun de mes sourires. On ne se comprend absolument pas mais on papote quand même. Derrière, des policiers ont étalé leurs armes pour se mettre à l'aise : pistolet, machette et lance-pierre...Il enlèvent leur veste et leur ceinture et parlent haut et fort.

Les autres discutent, ou font un petit nid douillet en ajoutant un sac à légumes sur le bois dur pour faire un somme...

Peu de temps après le depart, nous voilà en pleine campagne : des valons verdoyants, des forêts, des rizières, des troupeaux de vache, quelques buffles et des paysans au travail, seuls ou menant une charrue à boeufs. La mousson nous offre des champs aux milles verts, un vrai patchwork de couleur! Les enfants agitent les bras au passage du train puis se remettent au travail.

Le train ralentit, on traverse un passage à niveau. Une femme adossée à la barriere agite un drapeau vert indiquant au train qu'il peut avancer.

11h Un peu plus tard, arrêt au village de Aungbang. De nombreux vendeurs débarquent aux fenêtres agitant leurs plateaux remplis de fruits, legumes, samosas...: on achète des fruits qui ressemblent à des pommes, des pommes de terres façon pomme dauphine et des sortes de grosses graines cuites. A Kalaw, j'achète du riz complet gluant à la noix de coco moulé en forme de quenelle.Tout est delicieux!

Dans le train, tout le monde grignote ou mange un vrai repas : en Birmanie, chacun se promène avec sa gamelle en alu à 3 étages : 1 pour le riz, les autres pour le curry. (les écoliers ont tous ça sur leur velo en route pour l'école!). 

12h30 un homme est monté au dernier arrêt et semble vendre par un discours d'une longueur interminable à l'assemblée une huile merveilleuse. 

Les femmes sont assez coquettes ici. Chacune est coiffée d'un chignon maintenu par un peigne et éventuellement agrémenté d'une fleur fraîche, et porte des boucles d'oreilles. Leurs affaires sont réunies dans des sac de toile très colorés portés en bandoulière

 Si certains jeunes portent des pantalons, la majorité des hommes porte des "longhyi", simple tissu, la plupart du temps à carreaux, qu'ils enroulent autour des hanches

13h Les hommes s'installent sur les paniers de légumes pour jouer aux cartes. Il y a vraisemblablement de l'argent en jeu et cela les intrigue un peu que je regarde le jeu. Ils refusent la photo.

Finalement cest avec les femmes qu'il sera plus facile de communiquer un peu. Elles demandent une photo d'elles fumant leur cigare. Malheureusement l'imprimante Polaroïd n'a plus de papier et les recharges sont au fond de mon gros sac à dos.

A chaque arrêt, les passagers remplissent le train de choux, de fleurs, d'herbes, de fruits, de tomates.... En bref chacun fait ses courses grâce aux vendeurs des villages que traverse le train.

14h30 Un peu plus tard, le paysage change, le train grimpe dans la montagne! Le paysage devient époustouflant, on passe à travers la roche, on longe la montagne ce qui nous offre des vues exceptionnelles. Un tunnel nous plonge dans le noir complet quelques minutes ce qui ne semble affoler personne.

De temps en temps, notre petit train passe au dessus d'une rivière et, debout devant la porte, agrippée aux poignets metalliques, aux bruits incessants du train et de ses tuuuuu tuuuuuu assourdissants réguliers je me sens l'âme de Tintin dans son train

15h30 Le train s'arrête et des contrôleurs montent

15h45 Plus les heures passent, plus chacun se met à l'aise. On s'allonge, notre voisine d'en face met ses pieds sur notre banc... C'est convivial et drôle. 

16h30 soudainement le wagon s'est assombri : il pleut, et pour se protéger, les volets en métal sont abaissés ce qui élimine toute source de lumière extérieure ;) notre train a un côté "cosy" dans cette obscurité. Les joueurs de carte râlent et les néons s'allument

On s'arrête de nouveau, juste assez de temps pour charger de gros sacs au contenu inconnu. Le wagon est plein à craquer, impossible de circuler dans l'allée et jai perdu ma place de choix derrière la porte du wagon où javais une jolie vue panoramique.

17h37 la lumière commence à baisser et les montagnes sont belles sous ce ciel orangé. Malheureusement des arbres nous gâchent la vue. Le groupe de jeune assis derrière nous s'improvise DJ du wagon avec de la musique qui sort de leur portable. Ambiance décontractée!

17h45 nouvel arrêt : des caisses et des gros sacs descendent tandis qu'un stock de maïs et de bambou est embarqué. En 30 secondes, l'échange est fait. Nos voisines achètent une pâte de riz fourrée a la noix de coco cuite dans une feuille de bananier et nous font goûter : pas mauvais du tout Nouveau cigare. L'ambiance enfumée monte un peu à la tête malgré l'absence de fenêtre :)

19h30 la nuit est tombée après nous avoir offert un merveilleux coucher de soleil rosé sur les montagnes : spectacle enchanteur que l'obscurité qui se fait progressivement dans le wagon. On aperçoit maintenant le phare unique de la locomotive qui guide le train et, de temps à autre, une lampe torche agitée par un homme qui se tient sur le bord des rails. Le roulis du train nous berce tranquillement. On achète un curry de poulet pour faire passer le temps. 

21h tout le monde s'agite, les gros sacs de toile sont descendus des portes bagages, les joueurs de carte replient
 leur terrain de jeu : après 12h de voyage, nous arrivons en gare de Thazi.

Et demain, on recommence vers Yangoon ;) !!

Le 19 juillet

Réveil difficile pour reprendre le train en direction de Yangoon. Le ticket nous nous coûte 3700 kyats soit 5000 kyats (un peu moins de 5 €) pour 24h de train : économique et plein de charme. Le train comporte cette fois une dizaine de wagon.

Malgré notre demande de place en "ordinary class", le contrôleur nous place en "upper class" où des sièges bien confortables nous attendent. 

 Peu après le départ commence un défilé de vendeurs. Il y a même un"restaurant ambulant" : celui ci sert dans des assiettes en alu du riz, du poulet et des courgettes pour 500 kyats (50 cents). Ça sent délicieusement bon mais il est 9h du matin et on a mangé un énorme gâteau de semoule dans une maison de thé à la gare. Qu'à cela ne tienne, nos voisins dégustent leur et on se demande bien quelles sont leurs heures de repas... Une fois ses convives repus, le cuisto repasse ramasser couverts et assiettes !

Aujourd'hui on traverse la campagne et les rizières. La région semble bien pauvre avec ses maisons de bambous perdues parmis les cocotiers et les rizières. 

Ces 12 dernières heures ont été plus longues que le jour précédent mais tout aussi sympathiques.
Après escale à Yangoon,  nous voilà à Bangkok.
Victoire s'envole ce soir pour Paris et moi j'attends tranquillement Julia qui arrive demain, lisant le lonely planet de la Thaïlande sirotant un bon smoothie.
Demain soir, train de nuit direction Chiang Mai tout au nord de la Thailande!

Bises à tous